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L'Etat avait pourtant écarté l'hypothèse d'un 3ème référendum entre septembre 2021 et août 2022

Alors que le ministre des Outre-mer se plait à répéter que « dans une démocratie, on tient les élections à l’heure », beaucoup semblent oublier que l’Etat avait officiellement écarté l’hypothèse d’un 3ème référendum entre septembre 2021 et août 2022.



Paris, 10 octobre 2019, le 19ème Comité des signataires débute et les longues discussions se terminent vers 2H00 du matin, souvenez-vous. Le Premier ministre Edouard Philippe clôture cette séance par un discours officiel prononcé devant la presse et en présence des partenaires politiques locaux.


La date du deuxième référendum fait l’objet de toutes les attentions. Les partisans du maintien dans la France souhaitaient que le scrutin ait lieu en juillet 2020 tandis que les indépendantistes militaient pour une échéance en fin octobre. L’Etat propose finalement de « couper la poire en deux » et indique que la consultation se tiendra le 30 août ou le 6 septembre 2020 selon les conditions matérielles d’organisation. La suite est connue de tous, puisque la première crise sanitaire de la Covid-19 en mars nécessitera de repousser définitivement le scrutin au 4 octobre 2020, avec un score enregistrant une large progression des indépendantistes (47% de OUI contre 43% en 2018).


Mais la suite du discours officiel d’Edouard Philippe est très intéressante. En se projetant sur le 3ème référendum, le Premier ministre affirme que le Comité des signataires avait d’ores et déjà écarté l’hypothèse d’un 3ème référendum entre septembre 2021 et août 2022 :


« Mais l’Accord de Nouméa prévoit que, en cas de non au deuxième référendum, il est possible de tenir un troisième référendum dans les deux ans qui suivent le deuxième. Nous avons exclu que cette troisième consultation puisse être organisée entre le milieu du mois de septembre 2021 et la fin du mois d’août 2022 » (discours du Premier ministre Edouard Philippe le 11 octobre 2019).


En cause, le chevauchement avec la campagne des présidentielles et le risque donc de retrouver de mauvaises habitudes politiciennes visant à instrumentaliser le dossier calédonien au niveau national. L’Histoire du pays commandait bien évidemment de ne pas reproduire ces erreurs du passé qui ont conduit notamment aux évènements de 1988 et à ses drames :


« Il nous est collectivement apparu qu’il était préférable de bien distinguer les échéances nationales et celles propres à l’avenir de la Nouvelle-Calédonie ».


C’est sur la base de cette garantie que les indépendantistes ont, sans calcul politicien, demandé à l’Etat l’organisation du 3ème référendum dès qu’ils le pouvaient. Une demande qui allait de soi pour ceux qui furent à l’origine de l’inscription de ces trois consultations dans l’Accord de Nouméa en 1998.


C’est donc bien en raison du risque de chevauchement des élections que le FLNKS a, de prime abord, été frontalement opposé à la date du 12 décembre 2021. Une crainte qui se vérifie malheureusement aujourd’hui lorsque l’on constate que certains candidats à la présidentielle affichent déjà, sans aucune bienveillance, leur choix sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie tout en répétant, avec une sorte d’amnésie, que la décision appartient aux Calédoniens.


La date du 12 décembre posait également la question de la légitimité et la garantie de la parole de l’Etat pour entamer des discussions à seulement 4 mois des présidentielles, avec le risque d’instrumentalisation des résultats dans une période où la campagne nationale battra son plein. La préoccupation était de ne pas engager la Nouvelle-Calédonie dans une période post-référendaire trouble, situation dorénavant quasi-certaine avec la non-participation programmée des indépendantistes, lesquels ont récemment mis en œuvre cette position en refusant de transmettre leurs documents officiels de propagande dans le délai imparti.


Ajouté à cela, les impacts sanitaires, sociaux, culturels, économiques et psychologiques de la crise Covid-19 qui a frappé la Nouvelle-Calédonie comme jamais dans son histoire (tribune La Lettre NC du 24 octobre 2021).


Au final, il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre qu’aucune condition n’est réunie à ce jour pour organiser ce dernier référendum le 12 décembre prochain tout en garantissant des résultats incontestés et incontestables. A moins que ce choix soit délibéré et partisan mais que l’on nous prive alors du discours sur la légendaire neutralité de l’Etat afin que les Calédoniens, les Français et la scène internationale en prennent acte.



JB, contributeur de LA LETTRE NC

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