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  • Photo du rédacteurLa rédaction

LA DEGRINGOLADE DU "NON" : 5 738 VOIX EN MOINS

Alors qu’une partie de la classe politique calédonienne et l’Etat se félicitent du bon déroulement de la 3ème consultation qui vient clore « juridiquement » l’Accord de Nouméa pour reprendre les propos du Président de la République, la rédaction a décidé de livrer une analyse factuelle des résultats du NON.


Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’aucun média calédonien et national n’a osé qualifier correctement ce qui est ressorti des urnes dimanche dernier. Mais c’est bel et bien une chute vertigineuse du NON à laquelle les Calédoniens ont été témoins le 12 décembre.


Invités sur les plateaux télé le soir du scrutin, les responsables politiques non-indépendantistes ont tenté d’expliquer cet effondrement à travers deux principales raisons :


- La pression qu’on pu ressentir les électeurs loyalistes en tribu qui en allant voter prendrait le risque d’afficher leur opinion ;


- La démobilisation de l’électorat du NON en raison de l’absence d’adversaire indépendantiste en face.


Chacun pensera ce qu’il veut, mais les chiffres eux ne mentent pas.


Le NON a donc diminué de 5 873 voix par rapport à la consultation de 2020, passant ainsi de 81 503 à 75 720 bulletins, alors que le corps électoral a augmenté de 3 565 électeurs. 39% de cette perte se situent dans les 11 communes à majorité loyaliste (2 257 voix) et 61% dans les 22 communes indépendantistes (3 616 voix).


Les communes à majorité loyaliste


Le podium est occupé respectivement par Nouméa (-1080 NON), Mont-Dore (-403 NON) et Dumbéa (-335 NON). Cette diminution est visible sur l’ensemble des quartiers à l’exemple de Nouméa où le bureau de vote (BV) Eloi Franck 2 situé à l’Anse Vata et Gustave Mouchet 1 à Montravel enregistrent respectivement -14 NON et -37 NON. Dans les tribus du Grand Nouméa, le NON diminue également dans des proportions « normales » hormis le bureau de vote de l’Ile Ouen où le NON a réussi à se maintenir (7 voix en 2020 et en 2021).


En Brousse, le NON perd aussi du terrain. -88 NON à Koumac, -81 NON à Bourail, -79 à Boulouparis ou encore -66 à La Foa. Là aussi, le NON diminue aussi bien dans les BV regroupant les électeurs des tribus que ceux des villages. A Bourail par exemple, là où le BV de la tribu de Pothé enregistre -45 NON, les 3 BV du village comptabilisent -42 NON. A Pouembout, les BV en tribu (Ouate et Paouta) comptent -6 NON et le BV de la mairie -2 NON.


Les communes à majorité indépendantiste


Parmi les communes pro Kanaky-Nouvelle-Calédonie, le podium est sans surprise occupé par Maré (-829 NON, le parti Dynamique Autochtone n’ayant pas appelé à voter NON en 2021), Lifou (-670 NON) et Ouvéa (-273 NON). Dans les trois communes loyaltiennes, tous les BV voient le score du NON en baisse sauf à Tiga où il se maintient (3 voix pour le maintien dans la France en 2020 et 2021).


En Brousse, les trois communes comptabilisant les plus fortes baisses sont Poindimié (-235 NON), Houailou (-191) et Canala (-117).


A noter que dans les communes dotées de villages concentrant un électorat non-kanak important, le NON a également diminué dans des proportions « normales » comme à Kouaoua (-8 NON au BV du village), à Koné (-42 au BV de la salle Au Pitiri, -28 au BV de Téari) ou encore Voh (-29 au BV de la mairie).


En conclusion, même si certaines zones comptabilisent une diminution du NON un peu plus importante, la dégringolade électorale des partisans du maintien dans la France se constate partout en Nouvelle-Calédonie, dans les communes indépendantistes et loyalistes, dans les BV des quartiers, des villages et des tribus.


Paradoxalement, alors que le taux de participation chute de manière importante, le vote blanc et nul a nettement progressé passant de 1 882 à 2 414, soit +532. Qui est donc venu gonfler cette catégorie ? Les voix du NON manquant ? Les nouveaux inscrits ? Les électeurs du OUI qui, par principe, ont tout de même tenu à exercer leur droit de vote ?


Quoiqu’il en soit, c’est bien la non-participation qui sort vainqueur de cette dernière consultation prévue par l’Accord de Nouméa. Un résultat qui rend difficile la reconnaissance d’une quelconque légitimité à ce scrutin, même si certains n’osent pas l’avouer et préfèrent masquer cet échec en arguant l’encrage définitif du pays dans le giron français et en se projetant à marches forcées vers les discussions à venir. Les postures défensives sur les plateaux TV et le silence assourdissant des cortèges et klaxons dimanche soir sont malheureusement révélateurs d’une troisième « victoire » amère. Les déclarations solennelles et les propos chocs n’y changeront rien.


A l’opposé, la réaction des indépendantistes ne s’est pas faite attendre. Par voie de communiqué, le Comité stratégique indépendantiste (CSI) a déclaré ne pas reconnaître la légitimité de cette consultation dont l’issue fut incontestablement un échec.


Finalement, la même question demeure encore et encore : Comment solder le contentieux colonial tout en permettant aux Calédoniens de vivre ensemble dans ce pays et de s’y retrouver ? Comment réussir à vivre avec les kanak, peuple premier et colonisé de la Nouvelle-Calédonie, tout en leur accordant une bonne fois pour toutes le droit inné et actif à l’indépendance ?


La réponse sera inédite car le processus politique engagé depuis 30 ans est exceptionnel et endémique à notre île. En 1983, 1988 et 1998, les kanak ont démontré leur aspiration à partager avec tout le monde le pays dont ils ont hérité en décidant par trois fois d’ouvrir aux autres communautés leur droit à l’autodétermination. Au nom de la paix, le temps du retour de coutume est peut-être arrivé.


La Rédaction

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