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  • Photo du rédacteurJB

Le risque d’un référendum « bidon » qui plongerait le pays vers un avenir incertain

Tout le monde reconnaît aujourd’hui que le maintien de l’ultime référendum au 12 décembre sans aucune participation des indépendantistes est un non sens politique. Au-delà de ce constat, la situation ne présage rien de bon et surtout aucune visibilité pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.



Une partie du patronat et quelques personnes se disant issues de la société civile (mais surtout loyalistes), ont lancé récemment un appel en faveur du maintien de la dernière consultation le 12 décembre prochain. Un seul argument en commun : le besoin de sortir au plus vite de cet étau référendaire qui n’apporte aucune visibilité sur l’avenir. Le Ministre des Outre-mer emboitait le pas quelques jours auparavant en reconnaissant la nécessité d’apporter plus de perspectives pour permettre aux Calédoniens de mieux se projeter.


Or, paradoxalement, le maintien de la consultation au 12 décembre génèrera de facto une situation plus instable avec encore moins de visibilité à l’horizon. En effet, comment peut-on penser qu’un scrutin d’autodétermination sans la participation du peuple kanak puisse être politiquement incontesté au niveau national et international ? Comment peut-on penser un seul instant que le destin de la Nouvelle-Calédonie pourrait se décider sans que les indépendantistes ne soient autour de la table des discussions ?


Il faut donc que l'on nous explique en quoi la tenue du référendum dans les circonstances actuelles contribuerait à l'apaisement politique et la création d'un climat favorable aux affaires ? Il ne faut pas avoir connu les événements des années 80, pour penser que l'on pourra faire des affaires et continuer à vivre dans un climat serein après un référendum tronqué. L'essence même des accords de Matignon-Oudinot de 1988 a été de recréer les conditions de la paix pour pouvoir renouer avec la croissance et la prospérité. Sans paix, pas d'économie et de développement possibles.


L’argument du maintien ne tient donc pas et relève davantage d’une posture politique juvénile et d’un réflexe pavlovien que d’une réelle réflexion de fond. Car, bien évidemment, aucune condition n’est réunie aujourd’hui pour organiser ce dernier référendum.


Le Sénat coutumier, représentation institutionnelle des autorités coutumières kanak, a décrété aujourd’hui un deuil national d’une année en raison de la surmortalité générée par la covid-19 (près de 560 morts en septembre et octobre) comptabilisant malheureusement une majorité de défunts d’origine mélanésienne et océanienne.


Une campagne réduite à quelques semaines (pour une échéance aussi capitale) et dans des conditions dégradées empêchant toute propagande de terrain nécessaire à l’éclairage des conséquences du OUI et du NON développées dans un document de l’Etat d’une centaine de pages dont chacun des électeurs a pu recevoir en juillet.


Une instrumentalisation virulente du dossier calédonien en période de campagne présidentielle, comme l’illustrent les récents propos de Xavier Bertrand (candidat LR) sur la chaîne LCI : « vous entendez le silence assourdissant du Président de la République sur cette question ? La Nouvelle-Calédonie, soit elle reste française, soit elle devient chinoise, alors moi je souhaite qu’elle reste française ». Ou encore la réponse du Premier ministre Jean Castex au sénateur Frogier le 21 octobre 2021 affirmant que « après le Président de la République et avec le ministre des outre-mer, notre souhait fort que le choix des Néo-Calédoniens soit celui de la France ».


Un contexte économique et social exacerbé par le confinement strict étalé sur les mois de septembre et octobre puis le confinement adapté toujours en vigueur mêlant couvre-feu et restrictions les week-end. Et enfin une situation sanitaire fragile et toujours préoccupante puisque le taux d’incidence n’est jamais descendu en dessous de 120 pour 100 000 habitants.


La balle est dorénavant dans le camp de l’Etat qui ne devrait plus tarder à se prononcer. Mais est-ce que Paris est prêt à organiser un référendum « bidon » avec le risque de plonger le pays dans une crise politique majeure sans aucune visibilité pour la suite ? Le bon sens et la sagesse appelleraient à ne pas réitérer les erreurs du passé.

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