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POURQUOI FAUT-IL REPORTER LA CONSULTATION DU 12 DECEMBRE 2021 ?

Une semaine après le départ du ministre des Outre-mer, les positions des uns et des autres sont désormais connues. Quand l’Etat et les loyalistes appellent au maintien du 12 décembre si les conditions sanitaires le permettent, les indépendantistes font bloc derrière le FLNKS pour solliciter le report du scrutin au dernier trimestre 2022 faute de quoi les partisans de Kanaky-Nouvelle-Calédonie ne participeront pas.



Le marasme économique, le manque de visibilité, sortir de l’Accord de Nouméa, purger l’indépendance… tel est le discours aujourd’hui des non-indépendantistes pour justifier le maintien du 12 décembre si les conditions sanitaires le permettent. Mais à y regarder de plus près, c’est bien ce même discours qui est réitéré depuis 2018, année à partir de laquelle a débuté le processus référendaire. Or, si pour les loyalistes ces arguments justifient également le choix du maintien de la date, les indépendantistes estiment que le caractère exceptionnel de la crise sanitaire remet fondamentalement en cause cette posture politique.

En effet, contrairement aux deux précédents confinements, cette crise est sans précédent et laissera derrière elle un pays meurtri avec aujourd’hui plus de 250 victimes toute ethnie confondue. Comment ne pas prendre en compte le temps nécessaire pour que les familles puissent faire le deuil de leurs morts qui n’ont pu être honorés selon les rites et traditions, la faute au confinement strict et adapté. Comment ignorer l’impact psychologique que cela aura sur les nombreuses familles endeuillées et les conséquences économiques et sociales de cette crise sur l’ensemble des Calédoniens, avec pour risque d’assister à une campagne référendaire morose et un taux de participation bien loin des 81% de 2018 et 85% de 2020. Comment peut-on conditionner le report de la date aux seuls critères sanitaires alors qu’à un peu plus d’un mois du 12 décembre, la Nouvelle-Calédonie vit encore au rythme du confinement adapté et comptabilise chaque jour de nouveaux morts covid-19.

Et si par enchantement les indicateurs sanitaires s’améliorent, il ne serait pas acceptable politiquement de tenir une campagne limitée qu’à un seul mois et dans des conditions restrictives. Il est scandaleux que certains puissent déjà présenter les nouveaux outils de communication comme une alternative à la campagne de terrain comme si tout le monde serait touché d’amnésie, oubliant la fracture numérique dans notre pays qui handicape le hors Grand-Nouméa. Il est malhonnête d’entendre le ministre des Outre-mer et les loyalistes prétendre que les deux précédents référendums permettent d’atténuer les enjeux autour de cette nouvelle campagne alors que l’Etat a récemment diffusé aux électeurs un document d’une centaine de page, listant plusieurs questions en cas de victoire du OUI et n’intégrant aucun scénario lié à une indépendance en partenariat alors que cela faisait partie intégrante des 2 options retenues par le rapport Soucramanien-Courtial de 2013.

L’enjeu de cette ultime consultation commande bien évidemment de reporter sa date afin de réunir toutes les conditions favorables à son organisation pour que les résultats soient incontestés et incontestables. S’obstiner dans le maintien du 12 décembre, serait prendre le risque de tenir un scrutin dénué politiquement de sens car sans le peuple kanak et avec pour conséquence de ne trouver aucun interlocuteur dans l’impasse que cette situation génèrera.

Alors que certains médias sensationnels se plaisent à comparer la situation actuelle au boycott actif des élections de 1984, au boycott passif du référendum de 1987 ou aux évènements de 1988, ces rétrospectives nous rappellent tant bien que mal que le maintien d’un scrutin sans la participation du peuple kanak n’a jamais permis au pays d’en sortir grandi. Et cela vaut davantage en période de campagne présidentielle si chère à Sébastien Lecornu pressentit comme futur directeur de campagne du Président de la République. L’Etat rendra donc son verdict début novembre sur le report ou pas de la date, mais l’idée que le dialogue doit se faire dès à présent fait peu à peu son chemin dans les couloirs institutionnels. Dans le cadre d’un report de cette ultime consultation, les prochains mois pourraient donc être mis à profit en ce sens afin de se donner toutes les chances de sortir de l’Accord de Nouméa « par le haut » et réussir le pari de l’intelligence.

JB, contributeur de LA LETTRE NC

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