La rédaction
TRANSPORT AERIEN : LE CONSEIL COUTUMIER DREHU BLOQUE LA PROVINCE DES ILES LOYAUTE

A l’appel du conseil coutumier Drehu, plusieurs manifestants se sont rassemblés pour bloquer ce matin l’hôtel de la province des îles Loyauté. En cause, l’augmentation du prix du billet d’avion et le nombre de coupons dédiés aux bénéficiaires du dispositif « solidarité transport ».
Tout débute par un communiqué du conseil coutumier Drehu en date du 19 février. L’institution coutumière reproche au président Jacques Lalie de ne pas tenir ses engagements et de mépriser les diverses sollicitations du président de l’aire, Cope Zeoula, restaient lettre morte jusqu’ici. Le communiqué signé du grand chef de Gaica dénonce avec force la constante augmentation du prix du billet d’avion sans pour autant que le nombre de coupons réduction dont bénéficie les titulaires de l’aide médicale n’évolue également. Le conseil coutumier termine en appelant la population de l’île à se mobiliser massivement aujourd’hui devant l’hôtel de la province pour exprimer le ras-le-bol et le mécontentement général.
En réponse, le président Jacques Lalie a rappelé, dans un communiqué diffusé hier, l’accord signé au lendemain des élections provinciales de 2019 entre la province, la mairie et les institutions coutumières traduisant la volonté de toutes les parties à travailler ensemble. Une volonté qui, selon le président Lalie, s’inscrit dans la continuité de la mise à disposition par la grande chefferie Zeoula du foncier sur lequel la province et la mairie sont implantées. Il estime donc que la fermeture de ces institutions par une quelconque autorité coutumière administrative est « inacceptable et non avenue ».
L’exécutif provincial continue en renvoyant la balle au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie car estimant que le dispositif « solidarité transport » ne relève normalement pas de ses compétences. Pour Jacques Lalie, il n’a d'ailleurs jamais été question que la province finance l’augmentation du nombre de coupants réduction destinés aux titulaires de l’aide médicale.
Il invite enfin le conseil coutumier Drehu à se cantonner aux compétences en termes d'identité kanak que lui attribue la loi organique. Une façon assez diplomatique de faire comprendre au conseil que ce sujet ne relève pas de son ressort et que son intervention est par conséquent inappropriée.
Le prix élevé des billets d’avion ne finit donc pas de cliver d’année en année. Il y a quelques temps de cela, cette problématique avait fait émerger d’importants blocages sur Lifou à l’initiative d’un collectif d’usagers qui, paradoxalement, pouvait se prévaloir d’avoir le soutien politique de l’actuel président de province. A l’époque, le conflit opposait les usagers à la compagnie Air Calédonie. Aujourd’hui, celui-ci s’est déplacé puisque Jacques Lalie doit gérer un rapport de force opposant l’institution provinciale à l’institution coutumière, laquelle se fait désormais le porte-parole des revendications de la population de l’île.
Quoi qu’il en soit, la solution au problème des prix du billet d’avion ne peut résider en la perfusion éternelle d’argent public qui constitue, au final, qu’un pansement pour colmater les brèches. Les réformes de fond doivent être engagées sur la base d’orientations qui auraient dû être définies au travers d'un schéma global des transports dont l’adoption au Congrès se fait attendre. Du côté de la compagnie Air Calédonie, les efforts en termes de dépenses de fonctionnement ont-ils été réalisées pour envisager une baisse des prix ? Si oui, sont-ils suffisants ? N’est-il pas trop coûteux pour un petit pays comme le nôtre d’avoir trois compagnies aériennes para-publiques (Aircalin, Air Calédonie, Air Loyauté) sachant qu’une autre est en cours de montage (Air Océania) ? N’est-il pas préférable que les lignes domestiques et internationales soient centralisées sur un seul aéroport ? Ce sont toutes ces questions auxquelles une réforme volontariste devra se pencher pour tenter d’apporter enfin une réponse à cette problématique des prix du billet d’avion qui impacte les Calédoniens depuis maintenant des années.