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[TRIBUNE] Politique politicienne locale au menu hier soir

Dernière mise à jour : 29 mars 2021

Images NC la 1ère

Hier soir, les Calédoniens ont pu apprécier au journal TV de NC 1ère les interventions de deux responsables politiques locaux que sont Gil Brial pour les « Loyalistes du Sud » et Daniel Goa président de l’Union Calédonienne. Des positions diamétralement opposées, il en va de soit, mais dramatiquement dépourvues de réelles analyses politiques. Les propos de chacun se réduisaient à réconforter leur base électorale alors que les sujets abordés à résonance « pays » (la crise sanitaire, la situation institutionnelle, l’usine du Sud…) méritaient de leur part un discours davantage responsable et sans langue de bois.


Les loyalistes du Sud opposés à la prolongation du confinement


Dans la continuité du communiqué des Loyalistes du Sud diffusé samedi soir, Gil Brial insista pour la énième fois sur la supériorité démographique et économique de la Province Sud. Une façon de dénoncer le manque de considération à leur égard dans la prise de décision concernant le confinement. Pire encore, Brial s’est même permis de remettre en cause la nécessité d’une stratégie sanitaire « pays », expliquant que les positionnements des deux autres provinces et du Sénat coutumier n’ont pas vocation à influencer la vie des administrés du Sud.


S’il n’a échappé à personne que les 75% de Calédoniens habitant en Province Sud n’ont pas tous voté pour l’Avenir en Confiance, le plus inquiétant dans ces déclarations c’est cette idée farfelue de partition du pays commandant à chaque province de décider pour ses propres administrés. Comme s’il y avait un mur infranchissable de Bourail à Thio qui empêcherait toute propagation de la Covid-19 sur le reste de la Grande Terre, comme si les représentants de l’identité kanak n’avaient aucune légitimité pour traiter d’un sujet qui menace également les tribus (dont une partie importante se situe en Province Sud), comme s’il fallait renoncer à l’idée que nous pouvons vivre et décider ensemble dans ce pays et non « côte à côte », que nous soyons ressortissants du Nord, du Sud ou des Iles.


Mais que se cache t-il derrière la théorie de partition que nous a resservi Gil Brial durant son interview ? Le même objectif pour les mêmes nantis : la défense des intérêts du patronat nouméen pour qui énormément de promesses avaient été faites durant les provinciales de 2019. Ce patronat, électeur/financeur, qui subit le ralentissement des activités dû au confinement et dont les pressions sur la « maison bleue » se sont accentuées ces derniers jours. En face, des responsables dépourvus de toute analyse politique et dans l’incapacité de conscientiser leurs propres électeurs sur la nécessité d’une prolongation du confinement qu’appelle l’intérêt sanitaire de notre île. Cette même incapacité à réformer le pays depuis des années le plongeant dans un immobilisme qui, aujourd’hui, nous contraint d’emprunter et de s’endetter faute d’argent public suffisant.


Mais il ne faut surtout pas bousculer les intérêts en place au risque de perdre le pouvoir. Ce même pouvoir qui, pour le président de l’Union Calédonienne, constitue la finalité ultime de tout parti politique.



L’interview de Daniel Goa : sortir du silence pour ça !


Chez le président de l’Union Calédonienne, le niveau n’est pas mieux. Face aux questionnements répétés de la journaliste au sujet de la présidence du Gouvernement, Daniel Goa prétend qu’il n’y a aucune divergence entre l’UC et l’UNI et que le blocage n’est que la conséquence de l’application d’une théorie générale : celle qui veut que tout parti politique ait pour but ultime l’accession au pouvoir.


Des déclarations surprenantes qui ont tout de suite fait réagir les militants et sympathisants indépendantistes de la toile. Car chacun aura remarqué que si au cours de cet entretien il a été question de « lutte de pouvoir », à aucun moment le responsable de l’UC n’a évoqué une quelconque lutte de libération ou même l’accession à l’indépendance. Aucune partie de son intervention n’a également été consacrée aux objectifs et premières mesures que les indépendantistes mettront en œuvre une fois l’Exécutif en pleine fonction. Rien non plus sur le 3ème référendum et le rôle des politiques gouvernementales à mener pour convaincre de la faisabilité de l’indépendance. Bien en-dessous de cela, D. Goa s’est contenté de faire allusion aux résultats des dernières élections municipales pour tenter de conforter l’idée que la présidence du Gouvernement revient de droit à l’UC. Un discours qui risque de ne pas trouver écho chez leur partenaire de l’UNI qui depuis deux années consécutives porte leurs voix sur Roch Wamytan à la présidence du Congrès.


Erreur de communication ou reflet de l’état d’esprit à l’Union Calédonienne ? Un discours qui inquiète néanmoins et interroge sur les convictions profondes de certains. Etre indépendantiste pour accéder au pouvoir institutionnel ou être indépendantiste pour accéder à l’indépendance ? Sans s’aventurier dans une quelconque réponse, il faut reconnaître que les appels du pied hier soir de D. Goa aux loyalistes sollicitant ouvertement un « renvoi d’ascenseur » ne sont pas de nature à rassurer les militants, bien au contraire.


D’autant plus que, ce n’est plus un secret de Polichinelle, la candidature de Samuel Hnepeune est très loin de faire l’unanimité au sein de la sphère indépendantiste et qu’il existe de vraies divergences d’ordre politique derrière ce blocage (cf article de la Lettre NC du 20 février 2021).


Et, comme si cela n’était pas suffisant, les déclarations du président de l’UC sur l’adoption du budget de la Nouvelle-Calédonie par l’Etat comportent manifestement une fausse note que seuls les plus attentifs auront pu relever. En effet, selon lui, cette procédure devra permettre à la Chambre territoriale des comptes de réaliser un audit budgétaire sur les 40 dernières années de gestion loyaliste, une façon de mettre en lumière l’incompétence des autres par la voie des services de l’Etat.


Des propos qui surprennent puisque pas plus tard que le 10 mars dernier, le haut-commissaire de la République affirmait clairement au micro de Radio Djiido que :


« l’expression mise sous tutelle que j’entends régulièrement, elle correspond à rien, il y a une procédure d’arrêter le budget pour permettre au pays de fonctionner, c’est pas l’Etat qui fera les réformes fiscales, c’est pas non plus à cette occasion là qu’on fait un audit des finances publiques comme je l’entends aussi de la part de certains responsables, c’est vraiment un exercice qui vise à doter la Calédonie des moyens de fonctionner mais, j’allais le dire, ni plus, ni moins ».


Erreur de communication encore ou discours politicien visant à rassurer la base et rebondir face aux conséquences du blocage institutionnel ? Alors que la première des réponses aurait pu simplement consister à rappeler que le pays n’aurait pas été dans cette situation si, comme chaque année depuis 30 ans, le Gouvernement Santa avait voté le budget avant le 31 décembre.


Et c’est malheureusement sur ces interventions de nos pauvres responsables politiques que nous clôturons une semaine mouvementée pour en débuter une nouvelle qui, espérons-le, sera la dernière d’un confinement strict auquel nous sommes confrontés depuis maintenant 21 jours. Car, n’ayons pas peur de le dire, l’isolement ne réussit vraisemblablement pas à tout le monde.



JB Contributeur occasionnel de la La Lettre NC

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