L’annonce en a surpris plus d’un. Pas autant, diront certains. Emmanuel Macron a donc décidé de nommer Sonia Backes au poste de secrétaire d’Etat en charge de la citoyenneté auprès de Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur et des outre-mer. Les Loyalistes peuvent aujourd’hui se prévaloir de faire partie intégrante de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale et au sein même du gouvernement français. Comme si le camp non-indépendantiste se confondait désormais avec l’Etat pour ne former plus qu’un.
Suite à la 3ème consultation du 12 décembre 2021, la mouvance indépendantiste n’a eu de cesse de le répéter. Compte tenu de la position partisane de l’Etat qui dorénavant ne cache plus son soutien au camp loyaliste, le FLNKS n’envisage de discuter qu’en bilatérale avec la puissance de tutelle derrière qui les non-indépendantistes se rangeront. En opposition à ce discours, les responsables loyalistes martèlent depuis des mois que trois partenaires demeurent autour de la table et non deux, précisant également qu’aucune discussion sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie ne pourra se faire sans eux. Durant la campagne des législatives, Nicolas Metzdorf déclarait même au micro de Radio Rythme Bleu que :
« Ils (les indépendantistes) peuvent chanter tout ce qu’ils veulent sur les bilatérales, sur le référendum quoi qu’il arrive, etc, ceux qui ont permis à la Calédonie de rester française, c’est le non-indépendantistes, et je dis toujours une phrase, Jean-Marie Tjibaou, il n’a pas serré la main de l’Etat, il a serré la main de Jacques Lafleur, le représentant des non indépendantistes calédoniens. Donc nous, le premier partenaire de l’Accord de Nouméa, c’est nous, les non-indépendantistes calédoniens, et rien ne se fera sans nous » (RRB, Transparence, 20 mai 2022).
C’est vite oublier, cependant, que Jacques Lafleur a constamment refusé d’exercer des fonctions ministérielles afin justement de conserver une certaine autonomie et distance face à un Etat français incapable d’intégrer que les intérêts de la Nouvelle-Calédonie peuvent diverger de ceux de Paris.
Quoi qu’il en soit, les Loyalistes comptent désormais une représentante au sein du gouvernement Borne 2 (Sonia Backes) et deux députés siégeant à l’Assemblée nationale dans le groupe de la majorité présidentielle Renaissance (Nicolas Metzdorf, Philippe Dunoyer). Il devient donc politiquement difficile de distinguer l’Etat des Loyalistes. Les Loyalistes sont l’Etat et non le contraire ! Partant de là, comment les non-indépendantistes pourraient continuer à revendiquer aujourd’hui cette place de 3ème partenaire dès lors qu’ils s’identifient officiellement comme représentants locaux du président Macron et occupent des fonctions à Paris au sein de l’Exécutif et de la majorité parlementaire. Après tout, la lecture du FLNKS n’était pas si dénuée de sens que cela et les récentes nominations sont même venues confirmer l’analyse. Les vassaux locaux n’auront d’autres choix que de se ranger derrière le monarque républicain, à quoi bon les distinguer au final. Erreur stratégique ou erreur de jeunesse ? Le coût pourrait néanmoins être lourd à la sortie.
La véritable question reste pourquoi Emmanuel Macron a souhaité absorber les Loyalistes au sein même de son parti « La République En Marche » jusqu’à nommer personnellement les futurs députés calédoniens et parachuter la présidente de la province Sud au sein du gouvernement Borne 2. Sachant pertinemment que tout cela va mettre à mal leur volonté de participer aux négociations en tant que 3ème partenaire. Pourquoi ne pas avoir nommé Sonia Backes à Oudinot* et lui préférer Jean-François Carenco qui, par ailleurs, est connu comme étant assez proche des indépendantistes ? L’avenir nous le dira et certainement pas un avenir lointain.
Enzo Contributeur occasionnel de la LA LETTRE NC
*Le ministère des outre-mer est situé rue Oudinot à Paris
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